Lignes de vie : L’histoire d’un ambulancier paramédical vivant avec la maladie de Crohn

Craig Bothwell
Par Rasheed Clarke

Les ambulances fascinaient Craig Bothwell depuis son enfance. En août 1989, il en a eu besoin d’une lui même lorsqu’un conducteur en état d’ébriété a foncé dans la voiture de ses parents à proximité de leur domicile à London, en Ontario. Il était secoué, mais il n’a heureusement subi aucune blessure grave. Craig se rappelle bien les gestes apaisants posés par les ambulanciers paramédicaux à leur arrivée sur la scène de l’accident.

« Ils ont été vraiment rassurants, tant sur le lieu de la collision que durant le trajet vers l’hôpital, déclare t il. Ils ont fait en sorte que je me sente complètement en sécurité et à l’aise durant tout le temps où j’étais avec eux. À partir de ce moment, je savais que je voulais faire une carrière d’ambulancier paramédical. »

Deux années après l’accident, Craig et sa famille ont été de nouveau pris par surprise, cette fois par la maladie de Crohn. À la fin de 1991, Craig a commencé à vomir. Cela a été suivi de diarrhée, puis de crampes abdominales, puis d’un autre voyage à l’hôpital. Lui et sa famille croyaient qu’il s’agissait d’une mauvaise grippe, alors que c’était finalement une maladie inflammatoire de l’intestin.

« Au début, lorsque j’ai reçu mon diagnostic, j’étais un peu ébranlé. J’avais eu une bonne santé jusque là, et j’avais de la difficulté à accepter le fait que malgré ma saine alimentation et mon mode de vie très actif, je souffrais désormais d’une maladie qui pouvait affecter n’importe quelle zone de mon tube intestinal et, sans crier gare, avoir un effet négatif sur mon état général », déclare Craig.

La maladie de Crohn n’a toutefois pas empêché Craig de réaliser son rêve de devenir ambulancier paramédical. Après avoir terminé le Programme paramédical au Niagara College, il a commencé à travailler à temps plein au printemps 2002.

Pendant de nombreuses années, Craig a eu à composer à la fois avec les difficultés amenées par la maladie de Crohn et avec les rigueurs du travail d’ambulancier paramédical. Il s’occupait, avec la plus grande attention, de personnes ayant besoin de soins médicaux d’urgence au Middlesex-London Paramedic Service. Toutefois, des signes laissaient croire que la maladie devenait plus difficile à maîtriser au moyen des médicaments qu’il prenait. Les médecins allaient éventuellement devoir opérer Craig à deux reprises pour lui enlever des sections d’intestin ravagé.

Puis, en janvier 2011, une troisième résection s’est avérée nécessaire. Les chirurgiens ont procédé à l’ablation d’une autre portion de plusieurs pieds du petit intestin de Craig, ce qui l’a laissé avec une affection portant le nom de syndrome de l’intestin court. Ce dernier rend difficile pour l’organisme l’absorption de ce qui passe par le tube digestif, ce qui peut entraîner de la diarrhée, de la déshydratation, de la malnutrition et une perte de poids.

Pour combattre cette nouvelle complication liée à sa maladie de Crohn, Craig a dû amorcer la nutrition parentérale totale (NPT), processus dans le cadre duquel on supplée à l’alimentation d’une personne par voie intraveineuse au moyen de produits nutritionnels spécialement formulés. Les médecins ont doté Craig d’un cathéter à chambre implantable, petit dispositif installé sous la peau et relié à une veine au moyen d’un cathéter. Chaque jour, pendant 10 heures, Craig reçoit sa formule de NPT par ce cathéter.

« Il y a eu certaines courbes d’apprentissage reliées au fait d’être connecté à une pompe pendant 10 à 12 heures d’affilée, déclare Craig. Avoir à s’habituer à la présence d’une ligne et d’une pompe prend un certain temps. Tout est plus compliqué, par exemple monter ou descendre les escaliers, aller aux toilettes et même dormir. Mais après un certain temps, c’est simplement devenu une seconde nature. »

En plus de la NPT, Craig doit encore prendre des médicaments pour aider son intestin restant à absorber les éléments nutritifs et les liquides, un autre médicament pour traiter les ulcères se manifestant dans son tube digestif et un autre pour traiter sa maladie de Crohn sous jacente. Lorsqu’il mange, il s’efforce de le faire de la manière la plus saine qui soit. À travers tout cela, il poursuit la carrière qu’il aime tant.

« Ce qu’il y a de mieux dans le métier d’ambulancier paramédical, c’est que l’on travaille aux côtés de professionnels dévoués, et l’on sait que les gens mettent leur confiance en vous durant un moment souvent stressant. Je m’estime privilégié de pouvoir prodiguer les traitements nécessaires aux gens dans de tels moments avant de les laisser entre les mains du personnel infirmier et médical de la salle d’urgence », dit Craig.

« Mais il y a des jours plus difficiles aussi. Nous devons parfois composer avec les tragédies que vivent les autres. Nous sommes tous humains, et bien que nous ayons un travail à accomplir, c’est parfois dur de ne plus penser y penser à la fin d’un quart. Mais j’aime mon boulot malgré tout, je ne ferais pas autre chose, pour rien au monde », poursuit il.

Le soutien de son employeur et de ses confrères de travail aide Craig à remplir ses fonctions malgré les difficultés dont s’accompagne la maladie de Crohn.

« J’ai subi quatre opérations depuis que j’ai commencé à travailler comme ambulancier paramédical, et mon employeur m’a toujours donné un excellent soutien. Il a toujours veillé à ce que je sache que je pouvais revenir au travail lorsque je me sentais vraiment prêt à le faire, et que je pouvais prendre le temps qu’il fallait pour guérir et retourner à mon meilleur. Mes confrères de travail ont eux aussi été vraiment fantastiques; ils m’appuient depuis toutes des années et m’apportent leur aide au cours de certains quarts où je roule au ralenti. » 

Toutefois, les personnes qui procurent à Craig le meilleur soutien qui soit à l’heure actuelle sont sa femme, Miranda, et ses deux filles.

« Toutes les trois, elles ont vu tout ce que j’ai dû subir en raison de ma maladie, et elles se sont toujours tenues à mes côtés. Leur amour et leur soutien indéfectibles sont formidables, je suis tellement chanceux de les avoir ».

Alors qu’il entame sa 17e année en tant qu’ambulancier paramédical, Craig a quelques mots d’encouragement à l’intention de toutes les personnes aux prises avec la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse :

« Ne laissez personne vous dire qu’il est certaines choses que vous ne pouvez faire en raison de votre maladie. Une MII ne vous définit pas; votre attitude par rapport à cette dernière, oui. Gardez un esprit positif et sachez qu’il existe de nombreuses ressources dans la communauté et en ligne pour vous aider à faire face à tous les obstacles que vous pourriez rencontrer. Et n’ayez pas peur de poser des questions : nous sommes tous passés par là! »

  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

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