Rompre le cycle de l’impact psychologique des MII

Dr. Dean Tripp
Chaque année, une personne sur cinq au Canada connaît un problème de santé mentale, et les recherches montrent que le risque est plus élevé chez les personnes atteintes d’une maladie inflammatoire de l’intestin (MII).

À l’aide d’une subvention de recherche de trois ans, Crohn et Colite Canada cible ce domaine crucial qui nécessite davantage d’études : l’impact des MII sur la santé mentale et les moyens par lesquels nous pouvons aider les patients.

La subvention a été attribuée au Dr Dean Tripp, professeur de psychologie à l’Université Queen’s, qui étudie depuis longtemps les conséquences psychosociales de la douleur. Ces dernières années, un nombre croissant d’études ont révélé des tendances inquiétantes à la dépression et aux idées suicidaires chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de la colite ulcéreuse.

« Ces dangers sont plus répandus que nous le pensions, et nous devons agir sans tarder pour aider les patients de tous les groupes d’âge », explique le Dr Tripp, dont les travaux montrent le lien entre la douleur et la dépression, ainsi qu’une qualité de vie diminuée pour les patients atteints de MII.

Cette subvention permet aux chercheurs d’effectuer la toute première étude longitudinale afin d’examiner l’impact des exacerbations de symptômes sur la santé mentale, les relations et les interactions sociales, le travail, les incapacités et d’autres facteurs liés à la qualité de vie. Le Dr Tripp examine également le sujet délicat du suicide, son objectif étant de faire de nouvelles découvertes sur la prise en charge psychologique des personnes les plus à risque et les moyens de les aider à composer avec la maladie.

Selon le Dr Tripp, il est important de découvrir les facteurs déclencheurs qui conduisent à des problèmes de santé mentale chez les personnes atteintes d’une MII.

« Nous savons que l’activité de la maladie fait partie de ces facteurs, par exemple, lorsqu’un adolescent est confronté aux premiers signes de la maladie de Crohn et que ceux-ci nuisent à sa vie sociale et l’empêchent même parfois d’aller à l’école, ajoute le Dr Tripp. La maladie elle-même favorise grandement l’apparition de ces problèmes d’adaptation et de ces sources de stress, car l’inflammation et les changements touchant notre microbiome ont un effet direct sur notre humeur, notre sommeil, notre mobilité physique et même notre envie de côtoyer d’autres personnes. »

Cela produit un cycle de symptômes physiques qui déclenchent des pensées, des sentiments et des impressions négatives, qui, à leur tour, renforcent l’inflammation et l’activité de la maladie. Lorsque le corps est malade, l’esprit a tendance à l’être aussi.

« Comment on se sent physiquement, ce que l’on fait dans son univers, puis le ressenti du monde extérieur et à l’égard de soi-même, c’est ce que nous tentons d’approfondir aujourd’hui pour mieux comprendre certains des facteurs psychologiques les plus difficiles qui entrent en jeu chez les personnes atteintes de ces maladies. »

Le Dr Tripp souligne qu’au tout début de la maladie, les premiers mois et les premières années qui suivent le diagnostic peuvent être les plus importants sur le plan du soutien psychologique. Il s’agit en effet d’une période d’adaptation pour les patients et les familles, marquée par le stress, à l’occasion des interventions chirurgicales, et c’est là qu’il faut intervenir contre la stigmatisation liée à l’image corporelle et à la maladie.

« Lorsqu’une MII apparaît, c’est comme une roche qui tombe dans l’eau calme, explique le Dr Tripp. Cela produit un mini-tsunami de détresse qui peut être très difficile à vivre. Il nous faut étudier cette période d’adaptation cruciale. »

Il faut impérativement élaborer de nouvelles stratégies et ressources afin d’aider les patients atteints de MII. Pour le Dr Tripp, cette subvention devrait produire des résultats qui encourageront les gens à agir afin d’améliorer le bien-être psychologique.

« Il est temps de passer à l’action et non nous contenter d’étudier la question, ajoute le Dr Tripp. Crohn et Colite Canada contribue réellement à faire avancer ce domaine de recherche crucial. »

Apprenez-en davantage sur la recherche du Dr Tripp et autres recherches financées par Crohn et Colite Canada.

Regardez le Dr Tripp parler à la Série d’appentissage Gutsy à propos des facteurs de risque psychologues et sociologues qui affectent l’expérience de la douleur. 

Regardez le Dr Tripp parler de ses motivations de recherche et de son encouragement aux patients.

  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

Autres secteurs d’intérêt