La recherche sur la maladie de Crohn et la colite au Canada dynamisée

Un chercheur dans son laboratoire

En 1974, un groupe de familles de Toronto s’est réuni avec un objectif clair : financer la recherche sur la maladie de Crohn et la colite — quelque chose qui n’existait presque pas au Canada à cette époque. En 2024, l’organisme de bienfaisance fondé par ce groupe, Crohn et Colite Canada, a investi 150 millions de dollars dans la recherche.

Un financement qui aide les patients, les chercheurs et les professionnels de la santé

Kate Lee, PhD, MBA et vice-présidente de la recherche et des programmes pour les patients à Crohn et Colite Canada explique les retombés de ces financements : « La recherche en santé est un écosystème dans lequel on retrouve différents acteurs et différents rôles. Nous contribuons de manière importante et spécifique au moyen de nos subventions d’aide à la recherche (Grants in Aid of Research, ou GIA) et de nos subventions Innovation dans les MII (INN) qui permettent aux chercheurs en début de carrière d’explorer de nouvelles idées et d’enclencher leur dynamique professionnelle. Nous avons contribué à lancer la carrière de douzaines de chercheurs. Nos subventions expliquent en grande partie pourquoi le Canada est un chef de file dans la recherche sur la maladie de Crohn et la colite à l’échelle mondiale. Et les personnes touchées par ces maladies tirent parti de ce que nous faisons. »

Les GIA et les INN

Les subventions d’aide à la recherche, ou Grants-in-Aid of Research (GIA), soutiennent des projets de recherche qui s’alignent avec la promesse et les directions stratégiques de Crohn et Colite Canada. Les financements peuvent aller jusqu’à 125 000 $ par an pour un maximum de 3 ans.

Les subventions Innovation dans les MII, ou Innovations in IBD Research (INN), permettent quant à elles de financer des approches innovantes dans la recherche sur les MII qui ne s’inscrivent peut-être pas dans le cadre de la recherche médicale traditionnelle. Ces subventions se montent à 50 000 $ pour une année.

Les GIA et les INN en quelques chiffres

1976 Lancement des GIA et des INN  
398 Nombre total de GIA et d’INN financées
89 M$ Total investi dans les GIA et les INN
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Un catalyseur de carrières scientifiques

Elena Verdú, MD, PhD, a reçu quatre GIA et une INN au cours de sa carrière et elles ont été cruciales pour qu’elle puisse se lancer quand elle est arrivée au Canada en 2001. Elle est maintenant la directrice du Farncombe Family Digestive Health Research Institute (Institut de recherche sur la santé digestive Farncombe Family) et professeure à l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario. L’Institut se focalise sur la compréhension des causes des maladies intestinales chroniques, comme les maladies inflammatoires de l’intestin (MII), le syndrome du côlon irritable et la maladie cœliaque. Le travail de la Dre Verdú se concentre sur les microbes et les enzymes présents dans les régions intestinales malades et en bonne santé : ce qui s’y trouve ainsi que les mécanismes qui les gardent en bonne santé, ou qui provoquent la maladie.

Elle explique que « l’une des premières subventions j’ai reçues m’a été remise par Crohn et Colite Canada, ce qui m’a permis d’établir un programme de recherche à long terme sur les MII. »

Elle explique également comment ces subventions lui ont donné du vent dans les voiles : « Les GIA me financent, mais elles financent également tous les stagiaires qui sont formés pendant notre programme. Des douzaines d’étudiants et de postdoctorants sont devenus des chercheurs et d’autres ont suivi la voie des soins cliniques, notamment la gastroentérologie. D’autres ont encore choisi de travailler dans l’industrie et de participer à l’élaboration de nouveaux médicaments contre les MII. L’impact des GIA est énorme. Ces subventions soutiennent bien plus qu’un projet : leur impact se ramifie et s’amplifie avec le temps. »

Les différents rôles des bailleurs de fonds de la recherche

La Dre Verdú résume l’écosystème de la recherche : « Les hôpitaux ne vont pas principalement financer la recherche. Leur priorité, ce sont les soins cliniques. Les universités ne financeront pas non plus les projets de recherche : elles se concentrent sur l’espace pour les laboratoires, les installations et l’équipement. Les GIA et les INN permettent d’investir dans la vision d’un chercheur, dans une idée qui se transforme en un programme et qui soutiendra tous les stagiaires qui s’impliquent dans le projet. Par exemple, une université soutiendra une installation de cages de laboratoire pour les souris, mais pas une GIA. Sans cette dernière, nous ne serions pas en mesure de poursuivre des questions de recherche en lien avec la mission de Crohn et Colite Canada. »

La combinaison de l’infrastructure et du financement du projet initial permet aux nouveaux chercheurs de commencer. À mesure de l’arrivée des résultats, des agences de financement et des fondations plus importantes octroient des montants plus élevés qui s’appuient sur l’élan initial.

Alberto Caminero, PhD, est arrivé au Canada en 2014 et a commencé en tant que stagiaire postdoctoral dans le laboratoire de la Dre Verdú, dans lequel il a tiré parti d’une GIA reçue par la Dre Verdú. Depuis, il a démarré son propre laboratoire et lancé sa propre équipe au sein du Farncombe Family Digestive Health Research Institute. Ses recherches se concentrent sur la digestion — pourquoi les personnes atteintes d’une MII ont-elles des réactions indésirables et des intolérances alimentaires? Il se concentre en particulier sur les microbes qui entravent ou qui aident à la digestion. Il a reçu une GIA en 2021.

Il décrit son parcours : « J’ai obtenu un poste à l’Institut Farncombe et des fonds d’un montant de 100 000 $ pour ouvrir mon laboratoire, acheter de l’équipement et engager des étudiants, mais après cela, il ne reste plus d’argent pour gérer les projets. C’est difficile, car pour commencer à recevoir des prix plus importants, il faut des données préliminaires. C’est là que Crohn et Colite Canada intervient. Je viens d’Espagne, où il n’existe pas d’organisme de ce genre pour soutenir la recherche. Je n’aurais pas pu poursuivre ma carrière en Espagne, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai déménagé au Canada. »

Une subvention de 50 000 $ en 2016 a ouvert la voie de nouveaux traitements

Pour Deanna Gibson, PhD, c’est évident : « Quand je faisais mon postdoctorat en 2006, Crohn et Colite Canada était partenaire de l’Association canadienne de gastroentérologie pour les bourses. C’est de cette manière que j’ai commencé ma carrière. Et, sans GIA ni INN, je n’aurais pas d’entreprise ni de brevet. »

Depuis 2010, la Dre Gibson a reçu trois GIA, une INN et une bourse pour l’un de ses étudiants.

Professeure à l’Université de la Colombie-Britannique depuis 2010, elle est à la tête d’un laboratoire qui étudie les microorganismes intestinaux et le système immunitaire. Elle a breveté un outil permettant de modifier génétiquement les bactéries intestinales. C’est son INN qui est à l’origine de cette découverte en 2016. Son entreprise, Melius Microbiomics, est maintenant engagée dans un processus pluriannuel visant à élaborer des traitements pour permettre aux bactéries utiles de survivre dans l’intestin quand elles sont confrontées aux inflammations provoquées par la colite. Elle espère que la recherche en cours et les approbations des agences gouvernementales des médicaments permettront de démontrer que cette approche améliore les traitements actuels.

Un financement de la recherche qui améliore les soins

Pour la Dre Verdú, « le financement de Crohn et Colite Canada dynamise la recherche sur les MII au Canada. Elle explique que ce que vous faites, c’est financer une communauté qui ouvrira la voie menant à des découvertes et à des innovations dans les soins cliniques. »

 

  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

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