Le réseau PACE s'élargit pour se concentrer sur la santé mentale et la nutrition

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Crohn et Colite Canada aide une équipe de cliniciens-chercheurs du Manitoba à mettre en place des approches novatrices pour étudier les problèmes de santé mentale et de nutrition liés aux maladies inflammatoires de l'intestin (MII) – ainsi qu’à concevoir de nouvelles façons de soutenir les Canadiens qui doivent relever ces défis.
 
Le DCharles Bernstein, gastroentérologue, est le fondateur du Centre clinique et de recherche sur les MII du Manitoba, et la Dre Lesley Graff est professeure de psychologie de la santé clinique à l'Université du Manitoba. Ils dirigent de nouveaux efforts importants pour étudier la façon dont le cerveau change en présence d'une MII, ainsi que la façon de prendre en charge de manière proactive les personnes atteintes d'une MII et les formes uniques de détresse qu'elles peuvent éprouver.
 
Ils sont également les plus récents membres du réseau PACE de Crohn et Colite Canada, sélectionnés pour se joindre à ce groupe de spécialistes pancanadien en raison de leur expertise en matière de santé mentale et de nutrition.
 
« Les personnes atteintes d'une MII et de problèmes de santé mentale aboutissent plus souvent à l'hôpital et elles sont confrontées à de plus mauvais résultats que les personnes atteintes d'une MII seule, explique la Dre Graff. L'élément de santé mentale n'est souvent pas traité, alors qu'il peut changer l'évolution de leur maladie. Notre objectif consiste à réduire leur stress tout cherchant à déterminer ce qui donne aux problèmes de santé mentale liés aux MII leur caractère particulier - afin de pouvoir leur proposer des traitements personnalisés dont l’efficacité est éprouvée. »
 
Le lien entre l'intestin et le cerveau
 
Des études menées antérieurement démontrent que les changements dans l'intestin peuvent affecter notre comportement et notre humeur ainsi que provoquer de l'anxiété. Cela s'explique par le fait que notre intestin et notre cerveau communiquent par de nombreuses voies différentes, créant des connexions plus étroites profondes qu'avec d'autres organes.


 
Dans le contexte des MII, cette communication est perturbée et peut déclencher une réaction en chaîne qui conduit au stress, à l'anxiété et à la dépression, tout en aggravant les symptômes des MII. Environ une personne sur six atteinte d'une MII souffre de troubles dépressifs, qui se déclenchent en parallèle avec les poussées de la maladie.
 
Malheureusement, les moyens dont nous disposons pour traiter ces symptômes de santé mentale sont limités et imprécis.
 
Le DBernstein, qui étudie depuis des décennies le fonctionnement du cerveau en présence de la douleur et d'autres symptômes de maladies chroniques, déclare : « Nous ne pouvons pas traiter la dépression de manière uniforme, car nous ne savons pas si une personne atteinte d'une MII réagira aux médicaments de la même manière qu'une autre. »
 
L'imagerie du cerveau pour trouver de nouvelles réponses à la dépression dans le contexte des MII
 
Comme peu d'études ont cherché à savoir comment le cerveau et l'intestin peuvent interagir, les Drs Bernstein et Graff ont lancé leur propre projet, grâce à une subvention d'aide à la recherche de trois ans de Crohn et Colite Canada.
 
« Les patients étant maintenant recrutés, nous sommes prêts à rechercher les régions du cerveau qui sont structurellement ou fonctionnellement différentes chez les personnes atteintes d'une MII et d'une dépression, explique le DBernstein. Nous espérons déterminer s'il existe des approches particulières de traitement de la santé mentale qui génèrent de meilleurs résultats pour ces patients. »
 
L'équipe de recherche utilisera de nouvelles techniques d'imagerie IRM pour voir s'il existe des différences non seulement dans l'apparence physique du cerveau, mais aussi dans son fonctionnement - par exemple, les fluctuations du flux sanguin. Cela pourrait permettre de cibler les régions du cerveau qui ne fonctionnent pas correctement et donc de révéler des indices sur la façon dont le stress mental diffère chez les personnes atteintes d'une MII et sur les traitements qui pourraient être les plus efficaces.
 
Ces travaux pourraient répondre à des questions importantes, telles que les suivantes : comment les MII influencent-elles les communications entre le cerveau et l'intestin? La structure du cerveau change-t-elle ou certaines voies s'activent-elles différemment? De quelle manière cela se compare-t-il entre les personnes atteintes de MII et celles qui ne le sont pas? La dépression liée aux MII est-elle plus résistante aux approches psychologiques habituelles? Les MII seules, sans dépression, modifient-elles le cerveau?
 
La santé mentale et la nutrition au cœur du réseau PACE
 
En tant que nouveaux membres du réseau PACE de Crohn et Colite Canada, les Drs Bernstein et Graff mettent à profit leur expertise en matière de soutien psychologique et d'interventions diététiques pour les personnes atteintes d'une MII.
 
« Grâce à PACE, nous allons introduire la psychologie clinique et la nutrition de manière organisée en milieu clinique, dit le Dr Bernstein. En ce qui concerne le régime alimentaire, nous savons peu de choses sur les aliments qu'une personne atteinte d'une MII doit consommer et sur ceux qu'elle doit éviter. Pourtant, la plupart de nos patients nous demandent cette information. »
 
Les médecins mettent en place un nouvel outil de dépistage en ligne que les patients peuvent utiliser pour décrire leurs besoins en matière de santé mentale, d’alimentation et de nutrition avant de consulter leur gastroentérologue. Cet outil virtuel indique à l'équipe de spécialistes en temps réel comment chaque patient fait face à la maladie, tout en donnant un aperçu de ses habitudes alimentaires. Pour ce faire, les chercheurs commenceront par se concentrer sur les personnes confrontées à un nouveau diagnostic de MII, une période de stress souvent intense où elles doivent affronter leur corps en mutation tout en s'inquiétant de la manière dont la maladie pourrait affecter leur vie.
 
L'objectif de ce projet PACE est de créer un nouveau modèle de soins qui tienne compte des répercussions à la fois psychologiques et nutritionnelles des MII, et qui puisse être mis en œuvre de manière uniforme et aisée dans les cliniques du pays.  
 
Un avenir de soins intégrés
 
Aujourd'hui, les patients et les prestataires de soins sont de plus en plus conscients des liens uniques qui existent entre la santé mentale et les maladies inflammatoires chroniques. À mesure que la stigmatisation de la santé mentale s'estompe, les patients et les familles défendent davantage leurs intérêts, et les prestataires de soins de santé disposent de plus de moyens pour les orienter vers des ressources et du soutien.
 
Cette nouvelle recherche offre encore plus d'espoir : les personnes atteintes de MII pourront un jour avoir accès à des traitements adaptés à leurs besoins particuliers en matière de santé mentale. Le DBernstein dit à propos de la prise en charge des MII : « Je pense qu'il est aussi important de se concentrer sur la santé mentale que sur la gestion de la poussée. »
 
L'équipe espère contribuer à l'adoption d'une approche intégrée et holistique de la prise en charge des MII - et d'autres maladies chroniques présentant un fardeau psychologique - pour les Canadiens vivant dans n'importe quelle communauté.
 
« Le plus beau dans tout ça, dit le DBernstein, c'est que nous pouvons vraiment le faire. »
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  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

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