Désarmer les méchants dans l’intestin

Le docteur Wael Elhenawy

Le docteur Wael Elhenawy, microbiologiste à l’Université de l’Alberta à Edmonton, cherche à désarmer les méchants : ces microorganismes intestinaux pathogènes qui contribuent au développement de la maladie de Crohn. 

Ces méchants provoquent l’inflammation de la paroi intestinale en s’accrochant les uns aux autres ainsi qu’aux cellules à la surface de l’intestin grêle et du gros intestin. Puis, ils s’enduisent d’un revêtement à base de sucre, le biofilm, qui les protège contre les traitements antibiotiques conçus pour tuer les bactéries et réduire l’inflammation. 

Le Dr Elhenawy explique :

« Si nous pouvons trouver un moyen d’empêcher ces bactéries de former le biofilm, alors nous aurons fait un grand pas pour les empêcher de demeurer dans l’intestin et alimenter les poussées ».

Cette bactérie que le docteur Elhenawy et son équipe étudient est une souche particulière de la bactérie Escherichia coli (E. coli), que l’on trouve couramment dans les intestins et qui est habituellement bénéfique. Mais la souche sur laquelle ils se penchent appartient à un groupe pathogène. Les souches de ce groupe sont fréquemment isolées des patients atteints de la maladie de Crohn et on croit qu’elles provoquent l’inflammation. 

Dans le cadre de leur travail, le docteur et son équipe se tournent vers des traitements potentiels qui seront plus efficaces que les antibiotiques actuellement utilisés : « Le problème avec les antibiotiques est qu’ils tuent beaucoup de bonnes bactéries intestinales. Nous savons que ces bonnes bactéries sont cruciales pour la santé du porteur. Nous essayons de trouver de meilleurs médicaments antimicrobiens; des médicaments plus sélectifs ».

Il poursuit : « Notre objectif principal consiste, au lieu d’administrer des antibiotiques, à administrer des médicaments qui peuvent précisément cibler les méchants dans l’intestin ». 

Ces médicaments sélectifs pourraient traverser les biofilms et éliminer les bactéries sous-jacentes associées à l’inflammation intestinale. En collaboration avec d’autres équipes, ils identifient de nouvelles bactéries cibles et des médicaments potentiels qui bloquent leur action. 

Cela fait des années qu’on espère un meilleur traitement et celui-ci est lié au parcours scientifique du Dr Elhenawy. Il a reçu son doctorat en microbiologie à l’Université de l’Alberta en 2015, en travaillant sur les bactéries intestinales bénéfiques et leur manière de promouvoir la santé. Sa curiosité a été piquée et il s’est tourné vers l’étude des mauvaises bactéries intestinales; cette fois, à l’Université McMaster à Hamilton. 

Il est retourné à l’Université de l’Alberta en 2021 et a reçu un financement de l’université pour installer son laboratoire et se concentrer sur les biofilms : « On connaissait les biofilms depuis longtemps, mais peu de personnes se penchaient en particulier sur leur formation par les bactéries associées à la maladie de Crohn. Nous faisons partie des groupes qui se sont vraiment plongés dans le sujet ». 

En 2023, il a reçu une subvention d’aide à la recherche 2023-2026 de Crohn et Colite Canada d’un montant de 375 000 $ pour l’aider dans son travail en tant que chercheur en début de carrière. 

Il explique que

2023 a été le moment idéal pour recevoir cette subvention (GIA) et j’ai pu élargir le groupe et notre travail avant de pouvoir le tester sur les humains. La subvention est principalement utilisée pour comprendre pourquoi les biofilms protègent les bactéries contre l’élimination immunitaire. Aussi, comment les bactéries sentent-elles qu’elles se trouvent dans un environnement propice pour commencer à former ces biofilms? »

Il poursuit : « Cette subvention a été cruciale pour profiter de l’élan et pour l’envol de mon programme de recherche. En tant que chercheur en début de carrière, ces fonds ont été cruciaux pour m’aider à recruter mon équipe et soutenir notre travail dispendieux avant de pouvoir le tester sur les humains. Ils m’ont donné la confiance nécessaire pour nous élargir et recruter plus de monde. Nous avons réussi à tirer parti de ces fonds pour générer de nombreuses données ».

Le Dr Elhenawy espère que son équipe et lui sont sur la voie qui leur permettra de trouver des manières de désarmer les microorganismes intestinaux pathogènes qui provoquent les poussées avec la maladie de Crohn. 

Le Dr Elhenawy décrit son projet de recherche financé par Crohn et Colite Canada. 

 

  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

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