La docteure Elena Verdú, MD, PhD, étudie la communauté de microbes dans l’intestin, en particulier lesquels sont présents, ainsi que les mécanismes qui les gardent en bonne santé, ou qui provoquent une maladie. Elle est maintenant la directrice du Farncombe Family Digestive Health Research Institute (Institut de recherche sur la santé digestive Farncombe Family) et professeure à l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario. Elle a reçu cinq subventions de Crohn et Colite Canada depuis 2001.
La docteure Roshane Francis, PhD, est la gestionnaire du service Subventions de recherche, Communication et évaluation de l’impact à Crohn et Colite Canada. Elle s’est entretenue avec la Dre Verdú sur ses recherches ainsi que sur la contribution majeure de Crohn et Colite Canada.
Roshane : Parlez-nous de la communauté de microbes qui peuple notre intestin et de son rôle dans les maladies inflammatoires de l’intestin (MII)?
- Elena : Cette communauté a d’habitude pour objectif de préserver notre santé. Les microbes contribuent à la digestion, à nous protéger contre les bactéries nuisibles et à soutenir notre système immunitaire. Cependant, dans le cas des MII (la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse sont deux de ces maladies les plus courantes), cet équilibre est perturbé. Mes recherches actuelles, financées par Crohn et Colite Canada, se penchent sur la façon dont ces microbes produisent des enzymes qui dégradent les protéines et qui, à leur tour, contribuent à l’inflammation. Pendant l’inflammation, ces enzymes peuvent commencer à dégrader des parties de la paroi intestinale, ce qui aggrave la colite. En étudiant ces changements, nous cherchons à identifier les indicateurs potentiels et à les cibler pour de nouveaux traitements.
Roshane : Comprendre les mécanismes nouvellement découverts est crucial pour développer des traitements. Pouvez-vous expliquer comment vos recherches se traduisent en thérapies?
- Elena : L’objectif de ces recherches est de trouver les mécanismes et de jeter les bases des traitements futurs. Par exemple, en identifiant comment un déséquilibre dans la dégradation des protéines dans l’intestin contribue à la colite, nous pouvons développer de nouveaux outils de diagnostic et des thérapies personnalisées pour les besoins de chaque patient. C’est un processus progressif, dans lequel les résultats initiaux donnent lieu à l’amélioration des soins pour les patients avec le temps.
Roshane : Après avoir découvert le mécanisme de dégradation de cette protéine, vous vouliez l’étudier dans des échantillons humains. Dites-nous comment vous vous êtes associée à une autre étude pour y parvenir et ce que vous avez découvert?
- Elena : Nous nous sommes associés au Projet de recherche sur les facteurs Génétiques, Environnementaux et Microbiens (GEM) qui a été initié par Crohn et Colite Canada. Ce projet vise à recueillir des échantillons de selles de 5000 membres directs de familles de personnes vivant avec la maladie de Crohn. Un certain nombre de membres de ces familles ont développé la maladie de Crohn. D’autres, la colite. Nous avons découvert que l’activité de dégradation des protéines dans les échantillons des personnes développant une colite était plus élevée avant le diagnostic. Cela indique qu’un déséquilibre dans la dégradation des protéines pourrait être un indicateur précoce de la colite.
Roshane : C’est une découverte importante. Comment prévoyez-vous d’utiliser ces résultats pour améliorer les soins aux patients?
- Elena : En comprenant tôt ces indicateurs mesurables, nous espérons pouvoir développer des tests diagnostiques non invasifs pour la colite et personnaliser les plans thérapeutiques basés sur les profils individuels de la dégradation des protéines. Tout se résume à améliorer la détection précoce et à personnaliser les traitements pour répondre aux causes fondamentales de la maladie.
Roshane : Quelles sont certaines des directions futures de vos recherches, et comment envisagez-vous le soutien de Crohn et Colite Canada dans celles-ci?
- Elena : Nous étudions de nouvelles voies de traitement, comme l’utilisation de virus intestinaux spécifiques qui tuent les bactéries. Le régime alimentaire est un autre domaine de recherche. Le financement de Crohn et Colite Canada a été crucial pour soutenir ces projets à ce jour. Nous avons hâte de continuer à travailler ensemble pour, en fin de compte, aider les personnes vivant avec une colite.