En 2018, le docteur Harry Brumer, biochimiste de formation à l’Université de la Colombie-Britannique, a reçu une subvention Innovation dans les MII de Crohn et Colite Canada. Son idée? Concevoir une manière plus intelligente de délivrer les médicaments directement dans l’intestin, tout en minimisant les effets secondaires néfastes ailleurs dans le corps.
Un an plus tard, une rencontre fortuite lors de l’événement de réseautage Conversation au coin du feu de Crohn et Colite Canada a tout changé.
C’est là que le Dr Brumer s’est mis en contact avec la docteure Laura Sly, chercheuse en immunologie murine à l’Hôpital pour enfants de la C.-B. Cette conversation a amorcé une étroite collaboration : et s’il était possible de tirer parti de la nouvelle technologie de délivrance des médicaments du Dr Brumer pour l’appliquer aux modèles animaux de la Dre Sly pour l’étude des maladies inflammatoires de l’intestin (MII)?
Ensemble, le Dr Brumer et la Dre Sly ont déposé une demande pour le programme de subventions en aide à la recherche (Grants-In-Aid) et reçu 375 000 $ pour lancer ce projet conjoint. Le résultat? Un jalon scientifique majeur dont les résultats ont été publiés dans Science, l’une des revues scientifiques les plus prestigieuses au monde.
Regardez la Dre Laura Sly nous en dire un peu plus sur sa récente subvention de recherche.
Une manière plus intelligente de cibler la maladie de Crohn et la colite
L’un des plus grands défis pour traiter la maladie de Crohn et la colite consiste à transporter le médicament au bon endroit, sans déclencher les effets secondaires néfastes dans le reste du corps.
Pour résoudre ce problème, l’équipe a mis au point une technique du nom de « GlycoCaging ».
Voici comment elle fonctionne :
- Bon nombre de médicaments contre les MII sont absorbés trop rapidement dans l’intestin, ce qui réduit leur efficacité et augmente le risque d’effets secondaires.
- À l’aide de xyloglucane, un sucre à base de plantes, les chercheurs ont mis au point une « cage de sucre » protectrice qui enrobe le médicament.
- Une fois que le médicament enrobé atteint le gros intestin, les bactéries intestinales produisent des enzymes qui décomposent la cage de sucre et libèrent le médicament exactement là où il est nécessaire.
Ce système de délivrance ciblé a été testé sur deux modèles murins atteints d’une MII avec des résultats impressionnants :
- Les médicaments GlycoCaged fonctionnaient aussi bien, sinon mieux, que les versions traditionnelles.
- Ils nécessitaient des doses plus petites pour être efficaces.
- Ils provoquaient moins d’effets secondaires dans les tissus à l’extérieur des intestins, comme les poumons.
« Cette technologie a le potentiel de réduire les doses de médicament nécessaires et les effets secondaires hors cible. Nous pouvons utiliser la technologie GlycoCaging pour améliorer les médicaments actuels, réaffecter les médicaments existants qui ne sont pas actuellement utilisés pour traiter les MII, ou utiliser des médicaments dont la toxicité est connue de manière sécuritaire », explique la Dre Sly.
De la Conversation au coin du feu à la percée scientifique : le rôle de Crohn et Colite Canada
Cette découverte n’aurait peut-être jamais vu le jour sans Crohn et Colite Canada.
La subvention initiale Innovation dans les MII a permis de financer les bases de ce projet. Un événement de réseautage organisé par Crohn et Colite Canada a permis de mettre en relation deux chercheurs partageant une vision commune. Et le programme de subventions en aide à la recherche a fourni les ressources permettant de donner vie à cette idée.
Grâce à ces efforts coordonnés, une découverte née au Canada, publiée dans la revue Science, est désormais susceptible de changer la manière de traiter la maladie de Crohn et la colite dans le monde.
Il s’agit non seulement d’une victoire pour la science, mais aussi un rappel clair de la manière dont les investissements dans la recherche sur les MII permettent d’améliorer et de mieux cibler les soins pour les patients au Canada et ailleurs.

Dr Harry Brumer

Dre Laura Sly