On ne peut pas retourner dans le passé, mais Jennifer aimerait pouvoir le faire

Jennifer Paquette

Jennifer Paquette de Laval, au Québec, a eu des douleurs abdominales et de la diarrhée pendant toute son école primaire. Mais elle n’en parlait pas, même pas à ses parents.

Ce n’est qu’en 2009, à 15 ans, qu’elle l’a fait. Même à ce moment, elle n’a pas raconté toute son histoire; elle était gênée par tous les symptômes liés aux allers-retours aux toilettes.

Il est arrivé un moment où elle ne pouvait plus le cacher. Elle en a parlé à ses parents, qui l’ont emmenée à l’hôpital. De nombreuses questions et tests ont suivi. Elle a reçu un diagnostic de maladie de Crohn et de maladie cœliaque. Pendant les dix années suivantes, elle a essayé de nombreux médicaments et traitements biologiques — mais rien ne fonctionnait. Sa maladie de Crohn n’a jamais été complètement contrôlée.

Puis, en 2020, à 26 ans, Jennifer a eu une obstruction intestinale. Une imagerie a révélé la nouvelle bouleversante qu’elle avait développé un cancer du côlon, que les médecins pensaient être à ses débuts. Avant l’intervention visant à retirer le cancer, on lui a proposé la possibilité d’une colostomie, un trou créé de manière chirurgicale dans son abdomen pour permettre d’évacuer les selles de son corps. Elle a refusé.

Elle explique : « Dans ma tête, c’est plus les personnes qui sont plus âgées. »

« Je pensais que je ne pourrais plus me baigner ou pratiquer des activités physiques. Je ne pensais pas que je pouvais vivre ma vie normale avec un sac. »

Pendant l’opération, les médecins ont retiré presque tout son gros intestin. Ils ont été surpris de découvrir que le cancer s’était propagé hors du côlon. Le cancer était au stade 4. Ses chances de survie sur cinq ans n’étaient que de 30 %.

Les mois qui ont suivi ont été marqués par une chimiothérapie après l’autre. Puis, en janvier 2021, elle a reçu des nouvelles rassurantes : le cancer avait disparu. 

Début 2023, sa maladie de Crohn a recommencé à se manifester. Son gastro-entérologue lui a suggéré une colostomie. Encore une fois, Jennifer a refusé.

En février 2023, du liquide s’est accumulé dans son abdomen, ce qui a donné lieu à une nouvelle obstruction intestinale. D’autres tests ont été réalisés, mais au départ, les médecins ne pensaient pas que le cancer avait récidivé. Une biopsie en mai 2023 a démontré que ce n’était pas le cas. Encore une fois, plusieurs séances de chimiothérapie ont suivi.

Puis, le pire jour de sa vie est arrivé : une deuxième chirurgie pour le cancer. Le cancer s’était à nouveau propagé hors de ses intestins. On a dû lui retirer l’utérus, et elle a ainsi perdu la possibilité d’avoir des enfants. 

Cette fois, elle n’avait pas le choix. Elle devait subir une colostomie. Avec du recul, elle pense que cela a été la meilleure chose qui lui soit arrivée durant toute cette épreuve.

Elle se demande si son opposition à la colostomie a entraîné une inflammation supplémentaire et des complications :

« Si j’avais accepté ça quand j’avais 24-25 ans, les médecins ne peuvent pas dire à 100 % que le résultat serait le même aujourd’hui, mais ça aurait quand même eu un impact sur l’inflammation. Ça se serait moins propagé »

Malheureusement, en octobre 2024, le cancer a récidivé pour la troisième fois. Il est inopérable. Elle devra donc subir des chimiothérapies pour le restant de sa vie.

Aujourd’hui, elle est heureuse d’avoir une colostomie. Avec ce qu’elle sait maintenant, elle aurait choisi de la faire plus tôt. Elle espère également que son histoire encouragera d’autres jeunes à envisager cette option, plutôt que de la voir comme quelque chose de gênant.

Elle explique : « Ma colostomie m’a donné de la liberté et a éliminé l’anxiété liée aux nombreux trajets urgents aux toilettes. Je ne m’imagine plus sans elle maintenant. » 

 

Jennifer en 2024, avant que son cancer ne revienne pour une troisième fois

Jennifer en 2024, avant que son cancer ne revienne pour une troisième fois

Jennifer en octobre 2024, recevant un traitement de chimiothérapie avec un casque réfrigérant

Jennifer en octobre 2024, recevant un traitement de chimiothérapie avec un casque réfrigérant

Jennifer en 2025, montrant son stomie

Jennifer en 2025, montrant son stomie

  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

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