Peut-on arrêter les douleurs de la colite sans effets secondaires ? Une nouvelle étude s’annonce pro

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De nombreuses personnes atteintes de maladies inflammatoires de l’intestin (MII) ressentent des douleurs. En fait, les recherches montrent que jusqu’à 70 % des personnes ressentent des symptômes de douleur pendant une poussée et que 20 à 30 % d’entre elles ressentent une douleur continue pendant les périodes de rémission. La douleur peut affecter gravement la qualité de vie et la santé mentale. Il est donc vital d’en déterminer les causes, de comprendre comment les personnes atteintes de MII ressentent la douleur et de découvrir des moyens de la gérer efficacement.

C’est ce qu’a entrepris de faire une équipe de chercheurs de l’Université Queen’s et du New York University College of Dentistry. Financés en partie par Crohn et Colite Canada, les chercheurs ont mené une étude utilisant un modèle préclinique de colite ulcéreuse chez la souris afin de déterminer comment gérer efficacement la douleur dans les MII.

La colite ulcéreuse est une forme de MII marquée par une inflammation du gros intestin qui entraîne une acidification des tissus intestinaux. Les chercheurs ont profité de la nature acide de l’intestin enflammé chez les souris atteintes de colite ulcéreuse pour tester un médicament opioïde qui fonctionne de manière optimale lorsqu’il se trouve dans un environnement acide. L’objectif? Cibler un analgésique qui a un effet minimal sur les tissus normaux, ce qui minimise les risques associés à l’utilisation des opioïdes.

Publiées dans la prestigieuse revue GUT, les conclusions de l’étude laissent entrevoir un nouveau traitement prometteur de la douleur. Les chercheurs ont découvert qu’un nouvel opioïde ciblé appelé NFEPP peut traiter de manière préférentielle les tissus malades et épargner les tissus sains, ce qui signifie que le NFEPP peut soulager la douleur sans les effets secondaires dévastateurs.

Le financement accordé par Crohn et Colite Canada au Dr Stephen Vanner de l’Université Queen’s, dans le cadre d’une subvention en aide à la recherche de trois ans, a contribué considérablement à cette découverte.

« Ce nouveau traitement de la douleur a le potentiel d’améliorer considérablement notre capacité à aider les patients souffrant de douleurs liées aux MII, et sa découverte n’aurait pas été possible sans le financement de Crohn et Colite Canada. »

Comment les chercheurs ont-ils découvert le rôle puissant de l’opioïde NFEPP?

Efficaces pour traiter la douleur chez les personnes atteintes de MII, les opioïdes se lient aux récepteurs opioïdes, dont le récepteur opioïde mu. Cependant, lorsque les opioïdes activent le récepteur opioïde mu dans les tissus sains, ils peuvent provoquer des effets secondaires graves et potentiellement mortels, notamment des difficultés respiratoires, de la constipation, une sédation et une dépendance.

Le NFEPP est une forme remaniée de l’opioïde fentanyl ; un atome de fluor ajouté aide le médicament à se lier au récepteur opioïde mu uniquement dans un environnement acide. Cela permet de diriger le NFEPP vers les tissus malades - sites d’inflammation ou de blessure - qui deviennent acides en raison de changements localisés dans le métabolisme des tissus. 

Les chercheurs ont étudié l’utilisation du NFEPP et du fentanyl chez des souris atteintes ou non de colite. Le NFEPP et le fentanyl ont tous deux inhibé la douleur du côlon chez les souris atteintes de colite, mais contrairement au fentanyl, le NFEPP n’a pas provoqué d’effets secondaires tels que la constipation, la suppression de la respiration et la modification des mouvements. Il n’a pas non plus modifié la douleur ni provoqué d’effets secondaires chez les souris non atteintes de colite.

Cette étude montre que le NFEPP ne touche pas les tissus sains, car il cible les récepteurs opioïdes dans les tissus acides, ce qui soulage la douleur du côlon enflammé. Les personnes atteintes de MII pourraient ainsi bénéficier d’un soulagement de la douleur sans les effets secondaires néfastes souvent associés aux autres opioïdes.

Quelles sont les étapes à venir?

L’équipe de recherche s’efforce de tester la capacité du NFEPP à inhiber la douleur dans l’intestin humain et, à terme, de mener des essais cliniques. Les traitements potentiels qui ciblent des récepteurs opioïdes spécifiques dans les tissus malades pourraient constituer une découverte qui changerait la donne, non seulement pour la gestion de la douleur dans les MII, mais aussi pour d’autres maladies, comme le cancer.

Pour en savoir plus, lisez l’étude complète intitulée Agonist that activates the µ-opioid receptor in acidified microenvironments inhibits colitis pain without side effects.

Faites un don aujourd’hui pour aider à financer des projets de recherche susceptibles de mener à de nouveaux traitements, notamment des traitements curatifs.

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  • Les taux de ces maladies au Canada figurent parmi les plus élevés du monde.
  • 1 CANADIEN SUR 140 vit avec la maladie de Crohn ou la colite
  • Pour la première fois, les familles nouvellement arrivées au Canada contractent la maladie de Crohn et la colite
  • Depuis 1995, l’incidence de la maladie de Crohn chez les enfants canadiens de 10 ans et moins a presque doublé
  • Les gens sont le plus souvent diagnostiqué avant 30 ans.

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