Gestion de la douleur

Chacun ressent la douleur différemment. Par conséquent, la prise en charge de la douleur liée aux MII est complexe et nécessite une approche personnalisée. Le traitement de la douleur peut comprendre une combinaison de médicaments, d'approches psychologiques, et autres.

Comprendre la douleur pour la gérer

Si vous avez des douleurs, il est utile de déterminer si elles sont dues à une inflammation active (poussée) ou non. Comprendre les causes de votre douleur vous aidera à orienter votre traitement. La prise en charge de votre douleur doit être assurée par une équipe de professionnels de la santé, dont votre médecin de famille (généraliste) et votre gastroentérologue. Vous pouvez également avoir besoin d'un spécialiste de la douleur, d'un psychologue ou d'un conseiller, et d'un diététicien. Pour en savoir plus, consultez la section «Accès aux spécialistes de la douleur»


Sources de la douleur

Vous devez également collaborer avec le ou les prestataires de soins de votre MII et prendre en compte les sources de douleur intestinales (par exemple, gastrite, entérite, colite) et les sources de douleur extra-intestinales (par exemple, plaies buccales, inflammation des articulations, de la peau et des yeux). 

Si votre MII n'est pas active, votre douleur peut être causée par des facteurs non inflammatoires tels que des adhérences, des sténoses, des fistules ou des douleurs fonctionnelles (douleurs abdominales pouvant être assimilées à des douleurs liées au syndrome du côlon irritable). Pour en savoir plus, consultez la section «Sources de douleurs dans les MII»

Vérification de l'activité de la maladie 

Pour déterminer si votre douleur est due à une inflammation active liée à votre MII, votre équipe de soins peut procéder à un examen physique et identifier les marqueurs inflammatoires à l'aide de tests sanguins ou fécaux, d'imagerie de l'intestin grêle, ou de procédures endoscopiques.

Pour en savoir plus sur ces tests, consultez notre section «Se faire diagnostiquer». Si vous souffrez d'une inflammation d'une MII, il se peut que vous deviez modifier les médicaments que vous prenez habituellement pour cette maladie.

Arrêtez de fumer

Le tabagisme est associé à un risque accru de MII et d'inflammation. Si vous êtes atteint de la maladie de Crohn et que vous fumez des cigarettes, il est recommandé d'arrêter de fumer (sevrage tabagique).

Autres facteurs à prendre en compte

L'approche de la prise en charge de la douleur dans les MII dépend également de la localisation de votre douleur, de sa gravité ou de son intensité, de son type et de sa durée. Consultez notre section «Parler à votre professionnel de la santé» pour obtenir des conseils sur la façon d'évaluer, de suivre et de communiquer au sujet de votre douleur, afin de déterminer les meilleures options de prise en charge de la douleur pour vous. 

La gestion de la douleur chronique nécessite une approche holistique ou multidisciplinaire. Cela signifie que vous devez penser à votre corps dans son ensemble. Nous devons traiter les sources d'inflammation, bien sûr, mais nous devons aussi tenir compte des problèmes psychologiques et de mode de vie qui peuvent contribuer à votre douleur.

La prise en charge de votre douleur dans le cadre d'une MII peut être encore plus compliquée si vous souffrez d'autres pathologies. Celles-ci peuvent restreindre certaines options de traitement ou limiter leur efficacité.


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Arrêter de fumer

Il est déconseillé de fumer chez les personnes atteintes d'une MII. Il est particulièrement nocif pour les patients atteints de la maladie de Crohn, en raison des effets directs de la nicotine sur l'activité de la maladie.

L'arrêt du tabac peut contribuer à améliorer la santé de votre tube digestif et votre santé générale. Dans le cas de la maladie de Crohn, l'arrêt du tabac peut réduire la fréquence des poussées et la gravité de la maladie. Il peut également contribuer à réduire le besoin de corticostéroïdes ou de traitement immunosuppresseur.


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Médicaments contre la douleur

Les médicaments contre la douleur sont différents des médicaments contre l'inflammation des MII. Les médicaments utilisés pour traiter la douleur ciblent souvent la connexion intestin-cerveau et les voies de la douleur. Vérifiez toujours auprès de votre équipe soignante avant d'utiliser tout médicament sur ordonnance ou en vente libre.

Évitez les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à éviter chez les patients atteints de MII. Ces médicaments comprennent:

  • l'ibuprofène (Advil®, Motrin®)

  • le naproxène (Aleve®, Naprosyn®)

  • le kétorolac (Toradol®)

  • le célécoxib (Celebrex®)

  • diclofénac (Voltaren®)

  • indométhacine (Indocin®)

  • kétoprofène (Orudis®)

Bien que ces médicaments soient utilisés dans d'autres cas pour soulager la douleur (p. ex. arthrite, ostéoporose), ils peuvent déclencher des poussées chez les patients atteints de MII. Si vous avez des questions sur l'utilisation des AINS, parlez-en à votre équipe soignante en charge des MII. 

Analgésiques non opioïdes 

L'acétaminophène (Tylenol®) est sans danger pour les MII, sauf en cas de maladie hépatique sous-jacente. Les personnes en bonne santé sans autre contre-indication (maladie du foie, allergies) peuvent prendre jusqu'à 4000 mg/jour d'acétaminophène, ou 3000 mg/jour chez les patients plus âgés.

Les patients atteints de MII et souffrant de problèmes hépatiques (stéatose hépatique non alcoolique [NAFLD], sclérose biliaire primitive [PBS] ou cholangite sclérosante primitive [PSC]) peuvent avoir besoin de limiter leur utilisation du médicament Tylenol®.

Consultez toujours votre équipe soignante avant de commencer à prendre un ou des médicaments ou des produits en vente libre ou des suppléments. 


Antidépresseurs tricycliques et IRSN

Les médicaments qui agissent sur le système nerveux central (SNC), tels que les antidépresseurs tricycliques et les inhibiteurs sélectifs du recaptage de la noradrénaline (IRSN), peuvent améliorer les changements dans l'intestin qui sont associés au stress. Ils contribuent également à supprimer le transfert des signaux de douleur vers le cerveau.

Anticonvulsivants

Les gabapentinoïdes (gabapentine ou prégabaline) sont des anticonvulsivants qui peuvent empêcher les signaux de douleur d'atteindre les neurones de la moelle épinière. Ils augmentent également la libération d'une substance chimique appelée noradrénaline dans le SNC, ce qui contribue à soulager la douleur.

Les gabapentinoïdes sont actuellement étudiés pour leur rôle potentiel dans la prise en charge des douleurs abdominales (en particulier l'hypersensibilité viscérale).

Anticholinergiques / antispasmodiques

Ces médicaments peuvent aider à fournir un pont de soulagement de la douleur pendant l'induction de la rémission. Ils peuvent soulager la douleur si les traitements médicaux standard ne parviennent pas à contrôler l'inflammation. Ils sont fréquemment utilisés comme analgésiques lorsque l'inflammation provoque des spasmes intestinaux.

Opioïdes

Les opioïdes soulagent la douleur en se liant aux récepteurs opioïdes du cerveau et de la moelle épinière. Ils imitent les effets des substances chimiques antidouleur qui sont produites naturellement. Ils bloquent également la capacité des neurones gastro-intestinaux à ressentir la douleur. En outre, les opioïdes empêchent les neurones de la moelle épinière de transmettre les signaux de douleur au cerveau. 

L'utilisation chronique d'opioïdes peut accroître l'activité de la maladie et entraîner une augmentation de la douleur. Ils peuvent également masquer des problèmes de santé sous-jacents. Les opioïdes ont été associés à un risque accru de chirurgie abdominale chez les patients atteints de la maladie de Crohn et de la colite. 

De plus, l'utilisation chronique de fortes doses d'opioïdes peut contribuer à des troubles de l'humeur sous-jacents. Les opioïdes présentent également un risque d'abus de substances. En cas d'abus, ils peuvent conduire à une overdose mortelle. Si l'utilisation d'opioïdes vous préoccupe, parlez-en à votre fournisseur de soins de santé et à votre spécialiste des MII pour connaître les options alternatives qui pourraient vous convenir.

Le cannabis médical

Dans les études récentes sur l'utilisation du cannabis chez les personnes atteintes d'une MII, la douleur est la principale raison pour laquelle les personnes choisissent d'utiliser le cannabis pour gérer leurs symptômes. Les patients peuvent être plus enclins à utiliser le cannabis pour gérer leurs symptômes s'ils ont des antécédents de chirurgie abdominale, de douleurs abdominales chroniques et une moins bonne qualité de vie.

Dans ces études, les personnes vivant avec une MII font état d'améliorations significatives dans le soulagement de la douleur, en plus d'autres symptômes comme les nausées, l'appétit et le sommeil.

Nos connaissances actuelles sur la façon dont le cannabis agit pour réduire la douleur des MII sont mal comprises. Il n'existe pas de données sur l'innocuité à long terme de l'utilisation du cannabis et celle-ci comporte des risques. Les patients immunodéprimés peuvent être exposés à des infections secondaires aux contaminants présents dans le cannabis.

Les patients intéressés par la consommation de cannabis doivent en parler à leur fournisseur de soins de santé et obtenir une ordonnance pour se procurer du cannabis médical auprès d'un producteur agréé. Cela permet d'assurer la cohérence et le contrôle de la qualité des produits du cannabis ainsi que le dépistage des contaminants. 

Pour en savoir plus sur l'utilisation du cannabis pour gérer les symptômes des MII, consultez notre section «Cannabis et MII».

 


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Thérapies psychologiques et cognitives

Les approches psychologiques peuvent aider à améliorer la façon dont vous vous adaptez à la douleur et à améliorer votre bien-être mental. Tous les patients atteints de MII devraient faire l'objet d'une évaluation de leur santé mentale et recevoir un traitement si nécessaire. Si vous vous sentez suicidaire, n'hésitez pas à demander de l'aide et à contacter immédiatement votre fournisseur de soins de santé.

Les thérapies fondées sur la pleine conscience («mindfulness»)

Les thérapies fondées sur la pleine conscience sont un type de TCC qui fait appel à la méditation et à des exercices de respiration. La méditation de pleine conscience met l'accent sur la nécessité de "vivre dans l'instant présent". Elle consiste à réagir sans jugement à vos sentiments, vos pensées et vos comportements. Les techniques de pleine conscience sont utiles pour traiter l'anxiété, la dépression et la douleur chronique.

Regardez la vidéo ci-dessous pour en savoir plus, grâce à un psychologue expert, sur l'utilisation de la pleine conscience pour gérer la douleur et le bien-être dans les MII. Cette vidéo est en anglais et les sous-titres français seront bientôt disponsibles.

Yoga et exercices de respiration

Le yoga et la respiration lente et profonde peuvent vous aider à vous détendre. Vous pouvez suivre des cours de yoga ou de techniques de relaxation, ou utiliser des vidéos ou des livres.


Thérapie d'acceptation et d'engagement

La thérapie d'acceptation et d'engagement (TAE) comprend des procédures d'acceptation et de pleine conscience, ainsi que des stratégies d'engagement et de changement de comportement, pour aider à réduire le stress. 

Thérapie cognitivo-comportementale

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) met l'accent sur la relation entre les pensées, les sentiments et les comportements. L'objectif de la TCC est de vous apprendre à évaluer vos pensées négatives et à comprendre leur impact sur votre comportement et vos émotions. La TCC peut vous aider à apprendre à changer ce type de pensées. 


Biofeedback

Le biofeedback réduit la tension musculaire et ralentit le rythme cardiaque à l'aide d'une machine à rétroaction. Il peut vous aider à vous détendre et à mieux gérer le stress. Une étude a montré que le biofeedback, associé à l'éducation, aux techniques de relaxation et à la formation aux techniques d'adaptation cognitive, a contribué à réduire les symptômes (y compris la douleur) chez les patients atteints de MII. Il les a également aidés à mieux vivre avec leur maladie. 

Hypnothérapie

L'hypnothérapie est une hypnose guidée ou un état de transe, de concentration et d'attention. Cet état est obtenu avec l'aide d'un hypnothérapeute clinique. Certains rapports indiquent que l'hypnothérapie peut améliorer les douleurs abdominales dans les MII et le syndrome du côlon irritable (SCI), notamment l'intensité et la fréquence de la douleur.

Des applications pour vous aider à gérer la douleur 

Les applications et outils numériques peuvent être utiles pour gérer la douleur, l'anxiété, la dépression et le stress. Voici quelques suggestions de nos experts: 

  • Moodgym vous aide à apprendre et à pratiquer des compétences pour prévenir et gérer les symptômes de la dépression et de l'anxiété.

  • Headspace propose des informations sur la méditation et sur la façon dont elle peut aider à gérer le stress, l'anxiété et d'autres problèmes.

  • Calm.com propose plus de 100 méditations guidées sur l'anxiété, la concentration, le stress, le sommeil, les relations, etc.


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Exercice et activité physique

L'exercice physique joue un rôle important dans la prise en charge et la prévention des MII. Certaines études montrent que l'exercice régulier peut contribuer à réduire le stress et les symptômes des MII. Cela peut améliorer le fonctionnement physique et le bien-être des patients atteints de MII.

Des études ont montré que le stress provoque davantage de maladies chez les patients qui ont une faible activité physique. L'exercice a un effet positif sur le contrôle de la maladie. En fait, les personnes ayant un travail physiquement exigeant ont tendance à avoir un risque plus faible de MII. C'est donc une excellente idée de faire régulièrement de l'exercice quand on est atteint d'une MII.

Discutez avec votre équipe soignante de l'intégration de l'exercice physique dans vos activités quotidiennes. 

Pour plus d'informations, veuillez consulter notre section «Exercice et mode de vie».


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Régime et nutrition

Certains aliments peuvent aggraver les symptômes des MII, notamment les douleurs abdominales, les ballonnements, les crampes ou l'inconfort. Essayez de télécharger l'application «MonVentre» ou utilisez un journal alimentaire pour suivre ce que vous mangez, comment vous vous sentez et ce qui se passe lorsque vous éliminez certains aliments. Essayez également de manger de petits repas plus fréquemment et de boire beaucoup d'eau. 

Il n'existe pas de régime alimentaire éprouvé pour les MII. Voici quelques thérapies diététiques qui, selon certains patients, améliorent les symptômes des MII :

  • La nutrition entérale exclusive (NEE): Il s'agit d'un régime entièrement liquide contenant tous les macro- et micronutriments dont un patient atteint d'une MICI a besoin. Il existe différents types de régimes NEE. Il a été démontré que le régime NEE induit et maintient une rémission. Il semble réduire les symptômes abdominaux et l'inflammation des patients, mais c'est un régime difficile à tolérer.

  • Le régime méditerranéen comme régime anti-inflammatoire: Ce régime est basé sur la cuisine traditionnelle des pays méditerranéens. Il est généralement riche en légumes, fruits, céréales complètes, haricots, noix, graines et huile d'olive. Il a été démontré que le régime méditerranéen favorise un microbiote sain (équilibre des organismes dans l'intestin) et réduit l'inflammation.

Visitez notre section sur le régime alimentaire et la nutrition, pour en savoir plus sur la façon dont le régime alimentaire peut être modifié pour aider à gérer les MII.


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Stimulation électrique transcutanée des nerfs (SETN)

Dans la stimulation électrique transcutanée des nerfs (SETN), des électrodes adhésives sont placées sur votre peau. Elles délivrent de l'électricité pour bloquer les signaux de douleur dans cette zone.

La SETN peut être utile pour traiter les problèmes liés aux MII, tels que l'incontinence fécale ou l'iléus, qui est une accumulation dans les intestins pouvant entraîner un blocage.


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Endoscopie thérapeutique

Un rétrécissement (rétrécissement d'une partie de l'intestin) peut provoquer des douleurs et peut entraîner une obstruction. L'une des façons de traiter les rétrécissements est d'utiliser une procédure d'endoscopie thérapeutique appelée «dilatation endoscopique par ballonnet».


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Chirurgie

Selon la nature, la localisation, et la longueur d'un rétrécissement, une intervention chirurgicale peut être nécessaire. Les adhérences sont des bandes de tissu cicatriciel qui se forment après une opération. La chirurgie est le seul moyen de rompre les adhérences qui provoquent des douleurs.


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